Guy Môquet

Bonjour à tous !

Alors voilà, grand débat dans les lycées en ce début d'année : pour ou contre la lecture de la lettre de Guy Môquet le 22 octobre prochain ?

Beaucoup d'enseignants sont contre : parceque ça arrive comme un cheveu sur la soupe, parceque ça ne s'intègre pas à la progression de leurs programmes d'enseignement, parceque la lettre ne contient aucune information, aucun renseignement sur la Résistance en elle même...

Seulement voilà : c'est obligatoire. On a juste le droit de s'organiser comme on veut...hum ! des collègues ont donc décidé de repousser la lecture de cette fameuse lettre de quelques mois, le temps d'aborder le thème de la résistance avec leurs élèves....d'autres font tout simplement l'impasse, d'autres s'éxécuteront puisque leur chef d'établissement aura concocté tout un programme spécial autour de cet évènement.

A mon humble niveau, j'ai sondé les collègues, qui ne sont pas chauds-chauds...mais la hiérarchie me demandant explicitement de "faire quelque chose", eh bien ma foi, je m'exécute, ça ne mange pas de pain. Donc, afin de tirer le meilleur profit pour les élèves de cette décision qui, il faut bien l'avouer, m'apparait à moi aussi un peu incongrue, j'ai monté une exposition sur la résistance, à laquelle j'ai intégré, avec force explications biographiques, l'histoire de Guy Môquet, à titre d'exemple de la répression nazie. J'espère ainsi contextualiser autant que possible cette fameuse journée du 22 octobre. Les profs ont l'air de trouver que c'est un bon compromis, que "ça limite les dégâts" d'une journée du souvenir sans comment ni pourquoi....

Il faut bien tenir compte du fait que j'ai découvert cette année que les mots "résistance" "shoah" ou "révisionnisme" étaient totalement inconnus des élèves de lycée professionnels ! j'ai donc bien peur que la lettre de ce pauvre Guy reste justement "lettre morte" dans l'esprit de nos élèves...

Pourquoi ne pas joindre à ton expo des documents sur les fusillés de Chateaubriant, et les élèves du lycée Buffon?

Marie-Hélène

J'y ai pensé, j'ai pu récupérer sur le site de l'académie de Nantes un certain nombre de lettres, de textes et de poèmes sur les fusillés de Chateaubriant...j'en ai exposé quelques-uns, et j'ai fait un dossier à destination des profs avec les autres...libre à eux de s'en servir en cours s'ils le souhaitent....

Le probleme est que nous n'avont pas bcp de temps à consacrer à ce thème, tant les projets fusent au CDi !

Et une visite commentée au camp du Struthof ?

Gilbert

Non, cette lecture n'est en rien obligatoire. On peut la transfomer en journée de commémoration de la résistance si on le souhaite. Mais les enseignants qui ne feront rien ne seront pas sanctionnés, a précisé notre bien-aimé ministre.
Ca tombe bien, chez nous, nous avions décidé de ne rien faire.
Quelles mauvaises têtes, ces profs de lettres-histoire...

J'ai pourtant vu passer dans les infos un porte parole du ministre qui précisait que c'était obligatoire, mais qu'effectivement, il n'y aurait pas de sanction à l'encontre des profs "resistants" (ouh le jeu de mots !)

Chez nous, des profs ont invité des résistants...

Au fait, aujourd'hui, branle bas de combat, presque tous les profs concernés sont passés me voir, un peu gênés : "t'aurais pas une biographie de Guy Môquet ?"...ben oui, c'est vrai qu'à par quelques spécialistes, personne ne connaissait ce jeune homme avant qu'on en parle dans l'actualité !

Moi j'avais fait mes petites recherches habituelles pour préparer l'expo. Et là, stupeur : Guy Môquet n'était pas résistant, du moins pas au sens où on l'entend généralement. Il ne combattait pas l'occupation allemande, mais distribuait des tracts dénonçant la misère provoquée par les grands industriels "catholiques, juifs, protestants" ( je cite de mémoire). Il était devenu militant communiste suite à l'emprisonnement de son père, élu communiste, dont il essayait d'ailleurs d'obtenir la libération....donc même si tous cela se passait sur fond de seconde guerre mondiale et d'occupation, et que ce pauvre gosse a bien été tué par les nazis ( et que l'ordre venait du gouvernement de Vichy !) peut-on encore parler de résistance ? je n'essaie pas de minorer ses actes, je sais bien que les communistes étaient tout autant stigmatisés que les juifs, mais le fait est que Guy Moquet n'a apparament pas été accusé de résistance...il avait même été relaxé avant son internement à Châteaubriant !

J'abonde dans le sens de Gilbert, une visite au Struthof serait autrement plus pertinente que la lecture de cette lettre qui, détachée de son contexte, n'est là que pour faire vibrer la corde sensible et faire pleurer les lycéens. (Je ne veux pas polémiquer sur l'aspect purement "technique" abordé par les profs d'histoire, ni sur l'intrusion du président dans le pré carré des décideurs de programmes que sont les inspecteurs généraux). D'ailleurs quand Sarkozy, le jour de son investiture, a dit "je n'ai jamais pu lire cette lettre de Guy Moquet sans émotion..." je me demande combien de fois il l'a effectivement lue!!!. Il pouvait dire merci à Max Gallo d'avoir trouvé dans l'histoire LE texte qu'il fallait présenter pour asseoir sa crédibilité vis à vis des Français et faire la nique à Chirac qui, lui, avait réellement vécu ces événements et ne cachait pas ses opinions sur la collaboration française.
Dans mon collège de Metz, les élèves de 3ème passent tous les ans une journée au Struthof, ils en reviennent impressionnés, j'en ai vu qui pleuraient à la sortie . Il faut le voir pour le croire, et il faut continuer à programmer ce genre de visites (à Metz, tous les ans, certains profs emmènent leurs élèves à Auschwitz). La barbarie n'est jamais aussi loin qu'on le croit

Marie-Hélène