C'est exact Françoise, et les téléspectateurs qui ont vu ce reportage, sans être informés sur le fond de la question, n'auront pas pu faire en quelques minutes la part des choses.
Donc pour eux la télé reste parole d'évangile...
Cependant, d'une façon générale, je ne vous rejoins pas dans l'accusation de diffamation à l'encontre des fonctionnaires d'Etat soupçonnés de désobéir à leur ministre. Car les cas de désobéissance larvée ne manquent pas, chez nous comme ailleurs.
J'en retiens comme seul exemple la position du SNI-PEGC de l'académie de Strasbourg dans les années 70-80 sur le sujet de l'enseignement de l'allemand à l'école primaire. Ce syndicat menait une opposition farouche aux instructions ministérielles, sous le prétexte paranoïaque que cet enseignement aurait préfiguré un retour du nazisme en Alsace et une prochaine annexion en raison de la langue pratiquée. Car seuls les nazis parlaient allemand, comme chacun le sait. L'idée ouvertement affichée était en réalité l'éradication totale du dialecte à l'école et dans la société ; il fallait donc aussi faire table rase de l'expression standard de la langue. S'ajoutait à ce prétexte celui plus classique d'une mauvaise maîtrise du français, qui ne pouvait s'améliorer qu'en supprimant les 3 heures hebdomadaires d'allemand supprimées après-guerre, puis réintroduites (en 1952, de mémoire).
Mais franchement, ce n'était pas pire que Malulu...
De fait, beaucoup d'instituteurs sabotèrent cet enseignement en décourageant les enfants, en faisant sauter les heures pour les remplacer par autre chose, en dissuadant les parents d'opter pour l'allemand en 6è, etc.
Il a fallu qu'un mouvement associatif (composé d'ailleurs aussi d'enseignants) enclenche le mouvement en créant une école privée (!!!) pour forcer le Rectorat, par le jeu de la concurrence, à s'impliquer davantage.
En résumé, il est tout à fait possible dans une grande organisation, publique comme privée, que ses membres se soustraient aux objectifs qui leur sont assignés par l'autorité hiérarchique pour poursuivre d'autres buts plus conformes à leurs intérêts ou à leurs convictions, en raison des difficultés à exercer un contrôle plus ou moins strict de leur comportement.
Mais là, on entre dans le domaine des sciences des organisations ; on est dimanche, jour de repos cérébral aussi, mieux vaut donc aller aérer le vélo par ce beau soleil.
Gilbert