Réduction des horaires!!!

Marianne du 27-08-07 : Travailler moins pour apprendre moins.
http://www.marianne2007.info/Travailler-moins-pour-apprendre-moins_a1797.html

Allez voir cet article de Natacha Polony, et surtout les réponses!!! J'y ai mis la mienne, je ne sais pas si elle passera. Sinon, je la tiens à votre disposition

Marie-Hélène

A moins d'avoir mal regardé, je n'ai pas vu votre réponse, Marie-Hélène. Pouvez-vous la poster ici ?

Gilbert

Voilà ma réponse. Finalement le proverbe anglais "never complain never explain" (ne jamais se plaindre, ne jamais explique - ou justifier-)me semble plein de bon sens. Jamais on ne parviendra à faire comprendre certaines choses à des gens qui ne veulent pas entendre ( "il n'est pire sourd...). Mais alors, quid de la pédagogie??????

"Après avoir lu l'article de N.P. que j'aime bien en général parce que, sous sa pratique constante de la dérision et de l'ironie elle profère des vérités que nos instances supérieures préféreraient garder cachées, et les commentaires de nombreux internautes, je suis consternée par le point de vue de certains d'entre eux. Il y a des situations qu'il faut bien connaître avant de dire n'importe quoi, et il ne faut pas se laisser intoxiquer par la désinformation pratiquée par les médias, souvent impulsée d'ailleurs par d'opportunes "fuites" qui permettent de créer un rideau de fumée en tapant sur l'enseignant quand un sujet politique brûlant apparaît dans l'actualité.
Il y a plusieurs raisons à cet appauvrissement de l'enseignement en France! Outre l'évolution des mentalités parentales (je n'y reviendrai pas, il faudrait un livre entier), n'oublions pas que le règne des pédagogistes (Merieu, Bourdieu et autres) a sonné le glas d'une certaine exigence, parce que eux avaient fait des "sciences de l'éducation" un dogme, et au-delà de ce dogme point de salut. Exit donc l'expérience des maîtres, la liberté d'adapter son enseignement au niveau de la classe, et de se faire plaisir en enseignant. Tout prof qui ne suit pas les oukases de ces gens (et de son inspecteur donc) est sommé à coups de rapport assassin et/ou de baisse de note pédagogique(donc d'impossibilité de progresser dans le salaire), de suivre la ligne commune.
L'enseignement du français autrefois? Mais voyons, ce n'étaient que des cours magistraux, donc ringards. A éliminer. On découvre qu'on fait du français dans toutes les matières-tiens donc- ce qui permet de dire qu'on fait beaucoup trop d'heures en français en primaire, et du coup en en supprime. (Dites-moi si le français utilisé en cours de maths sera aussi approfondi que celui qu'on enseigne avec les dictées, les rédactions, la grammaire?) Et voilà comment on supprime des heures de français. Dans le second cycle, en quarante ans, les élèves ont perdu avec ces diminutions d'horaires l'équivalent de deux années d'enseignement de la matière.
Dernières suppressions en date, les options, les langues rares (sauf le chinois, mais là il y a un milliard et demi de Chinois qui attendent nos exportations). Je le sais, je fais partie de ces quelques profs "élitistes" qui enseignent le latin!!! Mais à quoi "ça sert"? En plus les effectifs sont faibles, donc je coûte beaucoup trop cher. Je prends ma retraite cette année et ne serai sûrement pas remplacée. Pas besoin de latin pour le commun des mortels. Et je vois se profiler à l'horizon une réforme où les matières fondamentales seront bien sûr enseignées à l'école, mais où on fera intervenir des entreprises privées, qui enverront des "formateurs" en matières artistiques par exemple, ou en sport...Ceux qui voudront faire du latin seront, comme cela devient le cas, regroupés dans un seul établissement, du collège au lycée. Et qui pourra se payer ce genre de déplacements??? à votre avis??
Bon, il est vrai que le statut qui régit notre profession date de 1950, c'est-à-dire après guerre, et qu'il aurait besoin d'être sérieusement dépoussiéré (et là j'en veux beaucoup aux syndicats qui campent sur les acquis et ne les remettent pas en cause) La conception du métier a vieilli, il faut le moderniser, mais de grâce que cela ne se fasse pas au détriment des enfants!!

Merci Marie-Hélène.
J'ai lu avec intérêt votre réponse, et les interventions d'un certain nombre d'internautes. Si je rassemble toutes ces réactions, et celles que j'ai pu lire ça ou là depuis un moment déjà, il me semble que le fond du problème, qui ne date pas d'aujourd'hui d'ailleurs, peut se résumer entre deux visions diamétralement opposées : les "utilitaristes" et les "esthètes".
La philosophie des premiers est finalement assez simple : l'élève n'a pas besoin d'apprendre des choses qui ne lui serviront pas à trouver un travail plus tard. Et à moins de vouloir devenir gladiateur ou de s'engager dans la légion (celle de César), le latin ne sert à rien. Pas plus que l'histoire qui va avec, etc...
Les esthètes sont non seulement sensibles à la beauté des choses, mais s'attachent aussi à façonner les têtes afin qu'elles soient bien faites (ils ne sont donc pas qu'esthètes !). Ce qui nécessite du temps, donc des heures, passé à dispenser ces disciplines honnies par les utilitaristes.
Continuer à former de futurs spécialistes de l'Antiquité égyptienne afin d'approfondir encore mieux les connaissances actuelles ne paraît pas indispensable aux utilitaristes, puisqu'économiquement cette activité est génératrice de dépenses, alors que l'industrie du cinéma, ou plutôt la télé, sont parfaitement capables de tourner en un temps record des péplums qui parleront de l'Egypte en touchant un public autrement plus important. Et ça, ça rapportera de l'argent.

Cette demande est bien perceptible chez un grand nombre d'étudiants qui sont engagés dans des filières débouchant à priori sur des emplois en entreprises, comme la gestion par ex. Les matières telles que l'histoire économique ou l'histoire du Droit sont majoritairement ressenties comme une inutile perte de temps, et d'un intèrêt plus que douteux.

Je pourrais paraître schizophrène, car d'un côté j'enseigne la gestion et suis tout à fait favorable à ce que l'université s'ouvre aux entreprises, avec des stages obligatoires pour nos étudiants de licence, et d'un autre côté je suis un défenseur inconditionnel des "esthètes", car je ne considère pas que le gestionnaire performant dans son travail doit obligatoirement se doubler d'un ignare inculte au cerveau disponible pour les pubs de Coca-Cola (surtout pour du Coca !).
Et pourtant, parfois j'ai l'impression que c'est précisément ce type de profil qui est largement sollicité, y compris par ceux à qui l'enseignement est destiné, car ils ne sont ni en âge, ni en situation d'en mesurer les conséquences pour de futurs esprits libres.

Des esprits libres ???...Ca intéresse qui ? Surtout pas les politiques qui nous gouvernent...ni ceux qui ne nous gouvernent pas, d'ailleurs, j'en ai peur...

cath5660 a écrit:

Des esprits libres ???...Ca intéresse qui ? Surtout pas les politiques qui nous gouvernent...ni ceux qui ne nous gouvernent pas, d'ailleurs, j'en ai peur...

Etpourtant à l'heure actuelle il me semble plus qu'urgent de veiller à cette formation d'esprits libres, d'apprendre à nos élèves, jeunes et moins jeunes, à réfléchir par eux-mêmes en sachant décrypter de façon personnelle et avec les bons outils les innombrables messages que leur envoie le paysage politique, culturel, médiatique (liste non exhaustive). Parce que ne pas avoir appris à réfléchir, c'est de laisser embrigader par des meneurs qui pratiquent l'art de parler aux foules et la démagogie (voir certains dictateurs). C'est ne pas savoir avancer d'arguments valables face à une situation dangereuse, c'est se laisser marcher dessus sans avoir la possibilité de réagir autrement que par la violence et son escalade . C'est Cicéron qui disait "arma togae cedant" Que les armes cèdent devant la toge! La parole plutôt que la guerre. Quand des états bradent à ce point l'enseignement (et l'éducation qui va avec) pour des raisons purement économiques, on peut s'attendre à des revers violents, et à des lendemains qui déchantent. Mes enfants, récents ingénieurs, souhaitent s'expatrier pour voir leurs compétences mieux reconnues, et même si ça me chagrine sur un plan personnel, je ne peux que leur donner raison si ce que je subodore se produit un jour.

Marie-Hélène