Je reviens vers le programme d'évaluation national que j'évoquais par ailleurs au sujet de l'enseignement bilingue.
Cette fois, je ressors du compte-rendu dans le quotidien régional la partie "radiographie de l'enseignement en Alsace" consacrée à l'Université.
Certes, les caractéristiques d'une région ne sont pas forcément transposables à l'identique à l'ensemble de la France, et c'est particulièrement vrai en Alsace compte-tenu de la place qu'y occupe l'apprentissage. Mais globalement, par-delà les statistiques propres à la région, les tendances indiquées par ce programme d'évaluation retracent bien la situation des Universités quant aux taux de réussite et à leurs causes.
L'IG parle de "gâchis humain" caractérisant le fonctionnement du système universitaire dans les filières non sélectives.
Dès l'entrée, selon les formations, jusqu'à 20% des étudiants ne confirment pas leur inscription administrative dans les 4 universités alsaciennes.
Autre déperdition en fin de 1ère année : par ex, 35% d'absents à Louis Pasteur (ULP, scientifique) et à Robert Schuman (URS, juridique et gestion).
Le taux d'absentéisme aux examens varie beaucoup selon le bac d'origine.
A l'ULP, il va de 28% pour les bacheliers scientifiques à 79% pour les bacs pro et 58% pour les bacs techno. A Marc Bloch (UMB, Lettres et Sciences Humaines), il atteint 72% pour les bacs pro, 65% pour les bacs techno, et 37% pour les bacs généraux.
Ces chiffres rendent difficile l'évaluation du "rendement pédagogique" des universités : les 133 admis en 1ère année de Lettres modernes sont un excellent résultat si on les rapporte aux nombre de présents (80%), médiocre en revanche si on les rapporte au nombre d'inscrits administratifs.
La scolarité d'origine marque également fortement les résultats. A l'Université de Haute-Alsace, le taux de réussite des quelque 120 bacs pro inscrits dans les filières généralistes atteint au mieux 1%, tandis que le taux de passage en seconde année des bacs STT (tertiaire) ne dépasse pas les 20% en AES ou en Droit.
Ces données chiffrées récentes ne sont pas pour m'étonner : il y a déjà 20 ans que nous faisions la même obervation dans notre faculté, avec l'arrivée (mais peu massive contrairement à maintenant) des bacs pro et techno qui décrochaient rapidement, par manque de bagage général et d'ardeur au travail.
Quelle idée saugrenue, aussi, que d'aller s'égarer en Droit ou en Lettres avec un bac pro, quand on connait la difficulté à lire un texte et à écrire sans (trop de) fautes chez ce public ! En fait, il faut tout simplement y voir le désir de prolonger, à l'instar de leurs camarades des filières générales, un cursus scolaire qui leur a été refusé par la voie normale. Et pour cause...
Et contrairement à ce que peut prétendre Malulu, ce n'est pas parce que nous les pousserions à ne pas entrer dans la vie active, bien au contraire !
Gilbert