Livres???

Constat accablant et attristant que je ne peux malheureusement que partager. J'ai renoncé, la mort dans l'âme, depuis belle lurette à distribuer à mes étudiants des documents à lire (articles de revues de gestion), car l'évidence a fini par avoir raison de mon entêtement : la lecture, même dans le cadre du support de cours est devenue une activité culturelle étrangère à leur esprit. Au point que je suis toujours éberlué lorsqu'un étudiant ou une étudiante me dit qu'il ou elle est en train de lire un roman ou un essai. Je sens alors monter en moi le même élan que chez les protecteurs des espèces menacées de disparition, et me retiens de le mettre dans un parc naturel, de préférence en couple pour assurer la survie de son espèce.
Et quand j'entends les indécrottables optimistes (cf le dernier d'une série d'articles fort intéressants sur l'écriture parus cet été dans L'Express) nous expliquer qu'internet va relancer l'écrit, donc forcément la lecture, je me demande si on parle vraiment de la même chose, car il suffit de se rendre sur les divers forums de discussion pour se faire une idée réaliste du défaut de maîtrise de l'écriture (ne parlons pas du cas pathologique de Malulu).

Je crois en effet que le livre a mauvaise presse auprès d'une majorité de jeunes, mais il existe des exceptions heureusement. A l'observation de certains de mes jeunes neveux et nièces, il apparait que l'accompagnement de l'enfant vers le livre par ses parents, qui se donnent le temps de lire avec lui, qui encadrent et sélectionnent les horaires télé, est essentiel pour le familiariser avec cette activité requérant un certain effort intellectuel et d'imagination.
On en revient donc à cette vieille récurrence : le rôle des parents démissionnaires qui se déchargent de leur part éducative sur l'école. Il est tellement plus simple de coller les bambins devant la télé ou de les inonder de jeux électroniques plutôt que de consacrer un peu de son temps à partager le plaisir de la lecture.

Vous n'êtes pas la seule à vous inquiéter, Littera. Mais malheureusement, la peur n'empêche pas le danger.

Gilbert

Bonjour,
Effectivement les jeunes lisent de moins en moins !
Je suis une grande lectrice et ma fille m'a toujours vu avec un livre entre les mains ! Elle a toujours adoré que l'on raconte des histoires ! Mais avec l'âge, ça a beaucoup changé !
Quand elle était au collège et qu'elle avait un livre à lire, elle me demandait si le dvd n'existait pas !
Je lui ai dit qu'il était préférable de lire le livre avant de voir l'adaptation !
Faire travailler son imaginaire est plus difficile lorsque l'on manque d'entraînement !
Concernant les parents qui n'encouragent pas la lecture, il est vrai qu'il y a de moins en moins de gens qui lisent ! (pas le temps !) mais je suis effarée de voir le prix d'un livre aujourd'hui !
La culture coûte très très chère ! Je conçois que les familles ne pensent pas à acheter un livre car cela ne fait pas parti du budget !

j'impose à mes élèves au moins 8 livres dans l'année (1 par mois ) plus un défi lecture d'au moins 4 livres dans les petites classes (6° et 5°). La première question est toujours: c'est gros? y'a combien de pages? Mais bon an mal an, ils lisent, et y prennent du plaisir.

j'ai la chance d'avoir des enfants fans de livres. Espérons que ça durera!

Bon, alors je vais faire l'incorrigible optimiste du premier degré.

Concernant le goût pour la lecture et pour les livres, j'ai toujours le sentiment que très peu de mes élèves étaient indifférents aux livres de littérature de jeunesse.
Même en ZEP, lorsque nous faisions des expositions - vente avec des libraires spécialisés, chacun tournait avec gourmandise les pages des albums, romans ou documentaires proposés. Les familles, modestes dans l'ensemble, étaient évidemment limités par leur budget et je rejoins Littera sur ce point: le prix des livres.

Bien sûr, la qualité des illustrations y est pour beaucoup mais je ne pense pas qu'on puisse se limiter à cette seule explication.

La littérature est entrée dans les programmes de l'école primaire officiellement en 2002; ce qui ne signifie pas que les instituteurs ne s'en étaient pas emparé avant. Mais cela reposait sur la bonne volonté de chacun et n'avait aucun caractère d'obligation.
D'où de grandes différences dans la culture littéraire des élèves rentrant en 6°.
On peut espérer que ces nouveaux programmes vont augmenter l'appétit pour la lecture....mais, il va falloir encore du temps pour en mesurer les effets.
J'ai toujours pensé que les élèves de primaire procédaient beaucoup par imitation et par imprégnation et que le meilleur service à leur rendre dans ce domaine était de leur lire des histoire et de me montrer comme lectrice devant eux...
Voilà pourquoi je m'autorise parfois la lecture de mon journal en classe ( et j'emm... les Trolls) ou bien d'albums de jeunesse. Certains de ces albums sont franchement drôles même pour un adulte et il m'arrive même de rire en lisant les jeux de mots de Claude Ponti.... (bon, c'est vrai que je suis bon public...!)
Mes élèves me regardent avec un point d'interrogation au dessus de la tête puis sourient à leur tour....
Je crois que les plaisirs littéraires se partagent et qu'on peut y trouver beaucoup de connivence.......

Ah la la, vous imaginez la tête de mes élèves quand je leur demande de lire des livres en anglais !!! (contes pour les 6ème- 5ème, rallye lecture pour les 4ème, et oeuvres adaptées pour les 3ème) Ils me prennent pour une folle

J'ai annoncé à mes élèves d'option européenne de 3ème qu'ils auraient cette année 3 oeuvres littéraires, pas en version origniale bien entendu, mais adpatées pour leur niveau: Romeo and Juliet, Huckleberry Finn et The Picture of Dorian Gray.

Question 1: Madame, ça existe en DVD ? (ggggrrr vais venir fracasser vos télés à coups de masse)
Question 2 : On est obligés de les lire ? (non non, c'est en option, c'est comme la politesse)
Question 3 : on aura un contrôle dessus ? (ben non, c'est juste pour rire, puisque c'est optionnel )

L'an dernier ils avaient etudié Frankenstein et De l'importance d'être Constant. Ils ont râlé au début puis ils se sont pris au jeu. Mais c'est un travail de titan de leur faire lire , de leur faire apprendre le vocabulaire nouveau...Tant pis, je recommence quand même

J'avouerai que mes études littéraires ne m'ont pas donné une passion particulière pour la lecture. On s'évertue à mettre en lecture obligatoire les plus gros navets de la littérature française et étrangère (cf. Les Nouvelles de St Pétersbourg, de mon ami Gogol).

Seuls Molière et Racine m'ont permis de tenir bon en série Littéraire. D'ailleurs mes parents m'avaient offert l'oeuvre intégrale de Racine dans la collection La Pléiade. C'est mon trésor.

Aujourd'hui je prend plaisir à lire surtout des oeuvres espagnoles et/ ou latino-américaines en version originale bien entendu. D'ailleurs je conseille (pour niveau collège) les Aventures du Capitaine Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte qui existent en français. Cet auteur espagnol est un fidèle admirateur d'Alexandre Dumas et ce roman de cape et d'épée est très bien fait avec un zeste d'humour. Sinon mes origines me poussent vers la littérature italienne, mais là encore mes goûts divergent beaucoup de la "norme" puisque Dante et Petrarque sont deux de mes auteurs préférés.

Sinon je trouve qu'il existe de très bons romans régionaux. J'ai d'ailleurs commandé sur France Loisirs plusieurs romans régionaux qui s'articulent autour de notre bonne vieille école et qui sont très bien écrits.